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Guide pratique pour la sécurité en ligne : ce que toutes les femmes et filles devraient savoir

2025-12-08 12:38:42

Guide pratique pour la sécurité en ligne : ce que toutes les femmes et filles devraient savoir

Le monde numérique avait promis connexion et autonomisation, mais pour des millions de femmes, il est devenu un terrain de chasse.

Des jeunes filles scolarisées doivent faire face à la diffusion de fausses images intimes d’elles-mêmes sur les réseaux sociaux. Des dirigeantes d’entreprises sont de plus en plus souvent la cible de deepfakes et de campagnes de harcèlement coordonnées. Et les femmes publiques subissent un déferlement d’abus : une femme journaliste sur quatre et une femme parlementaire sur trois dans le monde déclarent avoir reçu des menaces de violence physique, y compris des menaces de mort sur Internet.

Des vies différentes, des contextes différents, mais toujours le même schéma. Il s’agit là d’abus en ligne, l’une des formes de violences basées sur le genre qui connaît la croissance la plus rapide, et se propage au-delà des frontières et des plateformes, menaçant les femmes et les filles partout dans le monde, en ligne comme hors ligne.

Les expertes estiment que l’ampleur du problème est considérable : entre 16 et 58 pour cent des femmes dans le monde déclarent avoir été victimes de violence ou de harcèlement en ligne. Et aujourd’hui, les nouvelles technologies, notamment l’intelligence artificielle, aggravent encore la situation. Les manipulations d’images explosent : on estime que 90 à 95 pour cent des deepfakes en ligne représentent des femmes dans des contextes sexualisés.

Mais ces abus ne restent pas confinés à l’espace numérique. Les abus en ligne peuvent briser la santé mentale, détruire les relations et ruiner une carrière en quelques secondes. Ils peuvent aussi se prolonger dans la vie réelle, dégénérer en harcèlement ou en violences physiques, voire entraîner la mort. La violence numérique réduit au silence les femmes et les filles qui devraient pouvoir s’exprimer librement.

ONU Femmes alerte : cette nouvelle forme de violences faites aux femmes s’intensifie et se propage rapidement. Il est urgent de la reconnaître et d’y mettre fin. Si les auteurs d’abus et les plateformes technologiques qui permettent, encouragent et tirent profit des abus numériques doivent rendre des comptes, les femmes et les filles ont également besoin d’informations et d’outils pour repérer les premiers signes d’abus, agir et reprendre le contrôle de leur espace numérique.

Qu’entend-on par abus numériques ?
Les abus numériques (également appelés violences contre les femmes facilitées par les technologies) recouvrent un large éventail de comportements violents. Ils peuvent prendre de nombreuses formes, notamment :

Harcèlement en ligne et cyberharcèlement : envoi répété de messages non désirés, envoi non sollicité d’images à caractère sexuel (cyberflashing), photos prises à l’insu de la personne (creepshots), surveillance, suivi de la localisation ou contrôle de l’activité en ligne.
Manipulations d’images et deepfakes : partage d’images intimes sans consentement, ou création de contenus sexuels généré par l’IA à partir de photos et de vidéos manipulées (morphing, splicing, superposition d’images) afin de créer des deepfakes. Ces pratiques sont parfois désignées sous le terme de revenge porn (ou « pornodivulgation »).
Pornographie violente : images d’agressions sexuelles et de violences sexistes dans la pornographie largement accessibles sur Internet, qui banalisent et perpétuent les violences faites aux femmes et aux filles.
Trolling, menaces et chantage : commentaires abusifs visant à faire taire ou à intimider, discours haineux à caractère sexiste, menaces de divulgation d’informations, de photos ou de vidéos personnelles.
Abus en ligne dans les relations amoureuses : utilisation d’applications ou de réseaux sociaux pour contrôler, faire pression ou isoler un partenaire.
Grooming en ligne : utilisation de plateformes numériques pour instaurer une relation de confiance, souvent avec une personne mineure, en vue d’exploitation sexuelle ou de traite d’êtres humains.
Doxing : publication d’informations personnelles en ligne dans le but de mettre en danger ou d’intimider quelqu’un.
Usurpation d’identité : création de faux profils et imitation en ligne d’une personne.
Contrôle de l’accès : restriction ou surveillance de l’accès d’une femme à des appareils partagés, à Internet ou à des sources d’alimentation électrique.
Quelles sont les conséquences des abus et de la violence en ligne ?
De Manille à Mexico, de Nairobi à New York, les femmes sont en première ligne face à la violence numérique. Celle-ci peut se produire en milieu rural aussi bien qu’en milieu urbain, et toucher tous les niveaux de revenus. Elle peut prendre de nombreuses formes allant de menaces anonymes à des abus et contrôles exercés par des partenaires intimes.

Par exemple, les femmes vivant dans des ménages à faible revenu ou en milieu rural partagent souvent des appareils ou dépendent d’autres personnes pour accéder à un téléphone, à un ordinateur ou à Internet. Dans ces contextes, les auteurs d’abus restreignent ou surveillent l’accès aux appareils ou aux sources d’alimentation électrique, et exploitent les connaissances numériques limitées pour commettre des violences à la fois économiques et numériques.

Les cibles sont bien connues : jeunes femmes, femmes politiques, journalistes, défenseures des droits humains et militantes, souvent visées par des injures sexistes, racistes ou homophobes. Pour les femmes migrantes et racisées, les personnes en situation de handicap et les personnes LGBTQ+, les abus peuvent être encore plus extrêmes, associant la misogynie et autres formes de haine et d’exclusion.

Et la situation s’aggrave. Les recherches menées par ONU Femmes montrent qu’avec les technologies basées sur l’intelligence artificielle, ces abus connaissent une escalade rapide tant en ampleur qu’en sophistication. Les conséquences sont graves et vont bien au-delà de l’écran :

Aux Philippines, une analyse a révélé que 83 pour cent des victimes ont subi des préjudices émotionnels, 63 pour cent des agressions sexuelles et 45 pour cent des atteintes physiques directement liées à des abus en ligne.
Au Pakistan, le harcèlement en ligne a été associé à des féminicides, des suicides, des violences physiques, des pertes d’emploi et au silence imposé aux femmes et aux filles dans les espaces numériques.
Dans les États arabes, 60 pour cent des utilisatrices d’Internet ont déclaré avoir été victimes de violence en ligne.
En Afrique, 46 pour cent des femmes parlementaires ont déclaré avoir été victimes d’attaques en ligne.
En Amérique latine et dans les Caraïbes, 80 pour cent des femmes occupant des fonctions publiques ont déclaré limiter leurs activités en ligne par crainte d’abus.
Le constat est clair : les abus numériques ont des conséquences bien réelles dans le monde réel. Ils sont de plus en plus liés à l’extrémisme violent, réduisent au silence les femmes dans la sphère politique et les médias, et peuvent même conduire à des féminicides lorsque les technologies deviennent une arme de harcèlement ou de coercition.